Alors que nous tentons de sortir de la pandémie de COVID-19, nos choix pour voyager en 2022 vont avoir plus de poids. Vous, voyageurs, et nous, voyagistes au sens large, pouvons apporter notre pierre à cet édifice que nous allons bâtir ensemble : comment pouvons nous faire mieux à travers le choix des lieux que nous décidons de visiter, des personnes que nous décidons de rencontrer, des activités que nous cherchons à expérimenter et … bien sûr, à travers nous-même, notre propre expérience personnelle ?
Pouvons-nous avoir un impact positif ? Pouvons-nous apporter quelque chose ? Ou,… sommes-nous condamnés, en tant que voyageur, à n’être que des « preneurs » ? Comment voyager en 2022 ?
Parfois, il s’agit simplement d’acheter un souvenir à un artisan en direct, plutôt que dans une grande surface, ou à l’aéroport. Parfois, on peut offrir 1 heure de bénévolat.
Le temps est bon pour élever notre conscience de voyageur. Et on peut le faire dès aujourd’hui ! Ça peut commencer par des choses très tangibles, comme s’assurer que nos euros vont bien dans les poches de ceux à qui vous avez décidé de les donner, à des choses moins visibles comme le fait d’être patient avec tous les interlocuteurs que nous rencontrons sur notre parcours.
Il s’agît donc de faire des pas, des petits et des plus grands, pour devenir le genre de personne dont vous aimeriez croiser le chemin dans votre vie de voyageur.
Voici quelques idées :
1. Faire ses propres recherches
Se documenter sur la destination avant de la visiter paraît évident. Mais la pandémie et l’effet « last minute » (que ce soit pour décider de partir ou de ne pas partir, souvent dicté par les formalités covid…), a complètement modifié ce reflexe. On attend aussi la dernière minute pour « apprendre » sur notre destination, des fois qu’on ne pourrait pas y aller…
Prenez par exemple le site d’Uluru en Australie (appelé aussi Ayers Rock). C’est un site aborigène sacré et il est important de comprendre les enjeux de décider ou non de « grimper » sur le site. Et en plus, on peut décider de découvrir le site guidé par des Aborigènes natifs du site, de la région. On sait l’importance, encore plus dans cet exemple précis, des yeux et des paroles de ceux qui nous permettent de découvrir et de voir leur pays! Voyager en 2022 peut être différent, non?
Il faut prendre le temps de chercher les bons interlocuteurs. Et si parfois, les lieux que vous visitez sont sujets à un tourisme de masse (comme Venise ou le Machu Pichu), renseignez-vous pour y aller en basse saison.
Découvrir les parcs américains en hiver est la garantie d’une expérience rare. Vous évitez les foules locales du mois d’août et vous vous créez l’opportunité de vivre des expériences singulières, plutôt que de marcher en file indienne dans la queue du grand Canyon.
2. Apprendre le vocabulaire
On rencontre de plus en plus de vocabulaire qui font les louanges de telle ou telle pratique. Il faut connaître ces mots, et parfois aussi en anglais car la traduction n’est pas toujours évidente. Et le marketing adore les buzzwords. Sauf que c’est à nous de faire le tri et de mettre en lumière ce qui n’est que bullshit 😉!
durable (sustainable)
On mélange souvent avec éco-friendly, ou écolo, mais « durable » va plus loin que la protection de l’environnement ! Une expérience « durable » (je préfère le terme « sustainable » en anglais) apporte des dimensions socio-économiques et philosophiques. Par exemple en cherchant des prestataires, des hôtels ou des organisations qui vont apporter un bénéfice transparent aux communautés que l’on visitent.
Régénératif.ive
Pendant des décennies, être un voyageur responsable se résumait à minimiser son empreinte carbone. Désormais, on parle aussi de contribuer sur place, d’une façon ou d’une autre. Restaurer, replanter, participer à une action volontaire pour la culture ou la nature. Les associations de protections des tortues sont légion, mais il y a aussi les requins et bien d’autres. On peut aussi simplement prendre le temps de participer quelques heures dans une ferme durable et apprendre les essences ou les plantes natives de notre lieu de séjour.
Certifié vert
Il y a des centaines de labels internationaux pour les sociétés du tourisme. C’est intéressant de regarder soi-même sur leurs websites et de choisir celles auxquelles on ferait confiance : Rainforest alliance, WWF, Travellife…
3. Ne pas toujours privilégier le certificat
Maintenant qu’on a parlé des certificats, on voudrait souligner qu’il n’y a pas que le « tampon » qui compte. Parfois ils sont trop couteux à mettre en place, parfois trop longs et fastidieux surtout pour les petites entreprises. Il vous appartient aussi de faire vos propres expériences, de sortir des rails et d’aller à la découverte en dehors de tout ce qui a été balisé avant vous. Changer de regard et suivre son instinct s’apprend aussi en voyageant. Prenez des risques ! Allez découvrir cette communauté locale, prenez cette personne en stop et engagez la conversation. La diversité est une richesse.
4. Soyez généreux
Les pourboires, c’est pas notre fort à nous les français ! Pourtant, après la pandémie, nous savons que nous n’avons pas tous été logés à la même enseigne et que nous avons cette chance de pouvoir voyager. Partager en étant généreux avec ceux qui rendent votre expérience locale belle, secure et cool. Et la communication commence parfois avec un sourire et notre flexibilité.
5. Prendre le temps de faire ses choix pour voyager en 2022
Il y a de plus en plus d’outils à votre disposition pour « tracker » les bonnes pratiques. Skyscanner, par exemple, va souligner les vols qui émettent le moins d’émission de CO2 pour prendre la décision la plus « verte ». Le Label B-Corp utilise un audit hyper rigoureux pour mettre en avant les indicateurs non seulement environnementaux, mais aussi sociaux, culturels et de gouvernance.
L’audit que nous avions passé dans les premières années de Myyeti ne nous a pas permis d’être nous-même labellisé pour des raisons de diversité de la gouvernance, d’un manque de représentation des minorités dans l’actionnariat, et du manque de capacité de compiler des indicateurs concernant les produits que nous vendions (des voyages sur-mesure indeed). Mais nous avons beaucoup appris et connaissons désormais ces valeurs.
6. Découvrez qui vous raconte l’histoire
Quand c’est possible, faites vos choix intentionnellement. Découvrir un lieu, un site, un monument va être une expérience en soi. Celui ou celle à travers les yeux et l’histoire duquel ou de laquelle vous le découvrez compte ! Evident ? Alors il faut y attacher une attention particulière.
7. Réservez des hotels qui en font plus
C’est parfois aussi simple que de faire travailler les artisans locaux pour la construction et la décoration, engager des travailleurs locaux. Pour avoir un impact, on peut choisir des hébergements qui contribuent aux communautés locales, à l’environnement de façon régulière et durable. Un hôtel est un lieu de vie, une ruche où vont s’affairer des travailleurs et où vont vivre des voyageurs, emportant avec eux leurs souvenirs, leurs rencontres et vont « essaimer » leurs émotions liées à cette expérience.
Le succès de ce travail est un succès partagé pour tous. Nous avons l’exemple de l’hôtel Playa Viva au Mexique par exemple qui publie chaque année un compte rendu de ses actions. Choisir de séjourner ici plutôt qu’ailleurs devient un acte engagé.
8. Ralentir fait la différence
En 2022, on arrête de courir après des « to-do » listes ! Pas possible de tout cocher, et puis en prenant la décision engagée de ralentir, on crée des connexions plus profondes, on sort du tourisme de consommation pour comprendre, s’imprégner, regarder, observer et prendre conscience avec intensité de ce qu’on découvre. Voyager en 2022 sera différent !
9. Faites vraiment local, ne faites pas que le dire
Pour que nos devises aient vraiment un impact, il est important de prendre le temps de poser des questions et de s’assurer auprès des locaux de l’origine de leurs produits. Si vous prenez l’exemple du Maroc, il est important d’avoir conscience que la majorité des « souvenirs » que vous trouverez dans les sites touristiques comme le souk de Marrakech peuvent venir de Chine !
A l’inverse, parfois, il faut savoir creuser et même se perdre pour sortir des balises à touristes. Et c’est là, à Venise, Paris, Mexico ou Rio que vous pourrez trouver des trésors authentiques. Et puis en posant des questions, vous vous différenciez déjà, vous allez à la rencontre de l’autre et vous envoyez un message. Vous êtes aussi porte-parole des attentions de vos homologues voyageurs.
10. Essaimer de l’amour
Est-ce que cette pandémie va nous permettre de changer nos comportements de « suiveurs » ou pire diront certains, de « moutons » ? Les foules de touristes, les queues pour le musée, les files d’attentes à rallonge, les interlocuteurs blasés et exténués devant autant de monde… Est-ce encore cela que nous souhaitons ?
Pour autant, nous ne renoncerons pas à découvrir Venise et à la faire découvrir, mais nous savons que de s’y rendre hors saison procure une meilleure expérience et participe à rendre le tourisme plus durable.
Amsterdam croule sous les flots de touristes au point que les habitants commencent à devenir agressifs et le centre ville n’a plus d’authenticité, elle devient une ville musée en voix de disneylandisation (j’adore ce terme tant il est éloquent). Or, la ville est mignonne avec ses petits canaux et ses boutiques. Mais ne pouvons nous pas être créatifs ?
Voyager en 2022, c’est découvrir et parfois prendre le risque de chercher du nouveau. Nous sommes submergés d’informations mais nous avons des ressources énormes pour « chercher » depuis chez nous. Cela participe déjà à l’émerveillement du voyage.
Chercher puis atteindre des endroits un peu plus reculés, c’est aussi participer à un meilleur partage des valeurs. Par exemple, en Grèce, plutôt que de continuer à encombrer les petites rues de Santorin, Mykonos ou Naoussa, à séjourner dans des hôtels de luxe surpeuplés, on peut découvrir des îles un peu plus reculées en 1h de bateau (Folegandros) ou 2h (Koufounissi ou Amorgos) . Les Sporades, au nord de la mer Égée sont des joyaux méconnus. Pour aller plus loin et voyager en 2022, direction Alonissos ! L’île compte le plus grand parc naturel marin de Méditerranée, les sacs plastiques y sont interdits. Nulle part sur le bassin méditerranéen on ne trouve un tel engagement !
Ou si l’on veut s’aventurer plus loin, découvrir la partie continentale et le Nord très sauvage. Bref sortir des lieux « mainstream » ou « instagramables » et essayer quelque chose de nouveau.
11. Soyons patients pour voyager en 2022
Nous sortons d’une longue hibernation collective ! Nous nous retrouvons dans un monde que nous voudrions retrouver « comme avant ». Mais, ça ne marche pas comme ça. Le « monde d’avant » n’est plus, et il faut aller dans le sens du courant. « Go with the flow » !
Les aéroports sont débordés, les avions sont pleins, les prix n’ont plus de cohérence avec avant, les formalités sont devenues complexes et chaque pays a ses propres règles. Les files pour passer la sécurité sont longues… C’est normal que nous soyons désorientés, parfois stressés d’avoir loupé une formalité, un PLF ou autre.
Une solution : prendre sur soi, être patient. Ne pas s’attarder sur celui qui gromelle dans son coin, sur les mines froides et renfrognées… ça va passer. Gardons notre calme, faisons preuve de sang froid et de patience, ainsi nous garderons sourire et plaisir de se sentir privilégiés de pouvoir à nouveau voyager !
La chambre de l’hôtel n’est pas prête ? profitez-en pour vous décontracter dans le patio avec un verre et engagez la conversation.
Voyager en 2022 va vous mettre à l’épreuve ! Les bagages tardent à sortir sur le tapis, ouvrez l’oeil et amusez-vous à observer vos voisins. Pensez à tous les possibles que votre voyage va vous offrir, gardez votre vibration positive, ça fait tellement longtemps que vous rêviez de poireauter devant ce tapis, pas vrai ?
Souriez, c’est contagieux et la vie vous ouvre ses bras 😉
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