Cap ou pas Cap Vert ?

Plusieurs voyages en un seul

Cap Vert avec myyeti

La diva aux pieds nus avait les mots justes pour parler du Cap Vert.
Comme Cesaria Evora, j’aurais envie de fredonner « Petit pays, je t’aime beaucoup » pour vous parler de cet archipel pour lequel j’ai une affection particulière.
A l’époque, c’est à peine si je savais le situer sur une carte ! « C’est un désert de sable où vont les surfeurs ! » m’avait-on dit…. J’en aurais bientôt le cœur net.

Première étape sur l’île de Santiago, la plus grande, la plus « africaine » !

C’est la terre d’origine du peuple capverdien où sont arrivés les colons portugais. Après quelques achats sur le marché de la Succupira à Praia, direction Cidade Velha inscrite au patrimoine de l’UNESCO, au rythme de la Funana dans un Toyota Hiace autrement appelé « aluguer ».

Les routes sont pavées, étroites, à flanc de montagne, ça tambourine dans ma poitrine à chaque virage, j’ai peur, pourtant mon visage est souriant, béat, je suis plongée dans un environnement que je ne maîtrise pas, j’ai peur mais je suis heureuse. Je mesure la chance que j’ai de découvrir ce pays encore assez méconnu à l’époque. J’aime les paysages qui défilent sous mes yeux, les ribeiras profondes, tantôt sèches, tantôt verdoyantes, j’observe un camaïeu de verts entre palmiers, bananiers, manguiers, cisals et aloe verra, j’aime l’idée qu’une poignée d’irréductibles « les rabelados » vit en autarcie dans les montagnes du nord de l’île 45 ans après l’indépendance du pays, j’aime Tarrafal ce petit village de pêcheurs ouvert sur une baie de sable blanc avec les montagnes en arrière-plan… Et toutes ces pirogues colorées qui, malgré elles, décorent la plage…

Je quitte Santiago la belle africaine pour sa voisine plus petite, l’île de Fogo.

Je découvre Sao Felipe à pied, la place Presidio, l’église catholique, la camara municipal, le marché, le musée… Cette petite ville me fait de l’œil, plus je me perds dans les ruelles, plus je tombe sous le charme de ses sobrados (maisons coloniales) colorées, ses rues pavées, la plage de sable noir du Tortuga où viennent pondre les tortues, ma rencontre avec Agnelo du Djar Fogo qui torréfie le café…
Je poursuis ma visite de l’île par la découverte du pico de Fogo. Je monte au village de Cha Di Caldeira au pied du volcan (à 1h de Sao Felipe). Ils sont si peu à vivre là-haut, peut-être 400, mais ils ne quitteraient leur volcan pour rien au monde… C’est émouvant.

Cap Vert avec myyeti

Pour les habitants de la Caldeira, il y a Dieu et le volcan.

Pourtant le pico gronde, il somnole et parfois sort de ses gonds. On compte 28 éruptions mais la dernière en date (novembre 2014) a été particulièrement dévastatrice, engloutissant les 2 principaux villages… Mais je veux me souvenir de ces doux visages du volcan, ces petites têtes blondes aux yeux clairs (métissage lié au débarquement d’un aristocrate français ayant vécu 40 ans à Fogo), Ramiro le joueur de violine, la délicieuse Cachupa (plat traditionnel capverdien) que j’ai mangé chez Marisa, l’ivresse d’un bonheur incommensurable et peut être aussi un peu à cause du rhum, loin de tout, dans un décor charbonneux, ardent, où la pouzzolane danse sous les pieds lorsqu’on se risque à descendre le volcan en courant… Quelques nuits au pico, mais il est déjà temps de repartir. Je suis envoûtée, je voudrais que le temps arrête de monnayer avec moi, je suis si bien ici… C’est une petite famille, en quelques jours, je connais quasi tout le monde…

Petit pays, je t’aime beaucoup…

Et encore la TACV, toujours la TACV… C’est la compagnie aérienne nationale qui dessert les îles, à l’époque la seule ! Toujours en retard m’avait-on dit… Pas faux… Sur le coup c’est énervant… Avec le recul, je le vois comme quelque chose d’identitaire qui fait le charme du Cap Vert ! Le Cap Vert c’est beau, c’est pluriel, c’est plusieurs voyages en un voyage. Mais pour avoir la chance de vivre tout cela, il faut bien quelques déconvenues.

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J’arrive sur l’île de Sao Vicente, la petite brésilienne !

L’heure de la fête a sonné ! Entre le carnaval de Mindelo en février, le festival international de Baia en août, je prends toute la mesure de l’empreinte culturelle forte du Cap Vert, dont la résonance est internationale. Je profite de mon passage éclair sur Sao Vicente pour me rendre à Calhau car tous les dimanches, chez Loutcha il y a un buffet sur la plage et un groupe de musiciens, les capverdiens viennent danser. Un lieu familial et local dans une ambiance plus discrète que la trépidante Mindelo. Retour à Mindelo, je m’arrête boire un verre sur la plage de Laginha, puis déambule dans les rues de la ville. Ici c’est une petite Havane, les maisons coloniales, le palais du gouverneur, les bâtisses de l’avenida Marginal sont sublimes, les ateliers de peintures des frères Figueira… Et puis il y a Cesaria, c’est ici que vivait la diva, sa maison est aujourd’hui transformée en musée.

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Dernière étape de mon parcours, l’île de Santo Antao.

Cette fois, c’est en bateau que je rejoins l’île. La traversée est épique, les capverdiens n’ont pas le pied marin ! La moitié des gens à bord sont malades. Droite comme un « i », agrippée à un poteau, je fixe l’horizon, mon corps suit le mouvement de va et vient du bateau, cette technique prodiguée par un marin breton semble efficace, je m’en sors sans perte et fracas.

A peine le pied posé à terre que je suis déjà assise dans un aluguer pour traverser la route de la corde, qui comme son nom l’indique est étriquée et sinueuse. Une route à flanc, qui traverse l’île du sud vers le nord, chaque pavé semble avoir été savamment posé. Je peine à trouver les mots justes pour décrire cette nature abrupte, déstructurée, je suis émue devant ce spectacle inouï. Je suis attendrie par la discrétion des capverdiens, leur pays est fascinant mais il semble que l’info n’ait pas encore fuité vers l’Europe… Dans le fond, je crois que cela me réjouit, car plus je m’enfonce sur des sentiers reculés de l’île, plus la nature est intacte et les rencontres authentiques. Les enfants mendient peu, et ceux qui essaient se font rappeler à l’ordre par le patriarche du village. Je découvre la vallée de Paùl, ses caféiers, ses orangers, ses manguiers, je croise quelques locaux qui portent les fagots de canne à sucre sur leur tête ou aidé d’un bourricot. Les enfants sortent de l’école, ils sont tous habillés pareil, en tenue d’écolier ! On m’explique la fabrication du rhum local, de la fermentation jusqu’à la mise en bouteille. Avec la canne, on peut faire le miel de canne ou le grogue. En redescendant la vallée, je photographie un trapiche, moulin traditionnel utilisé pour extraire les sucs de la canne à sucre. Je comprends pourquoi cette île est le joyau vert de l’archipel. Ici la nature est reine et on la laisse intacte. Eduardo, fin connaisseur de la botanique de l’île m’explique qu’il propose du canyoning, de l’escalade, de la plongée, de la pêche sous-marine, que le biotope est très fragile et qu’ils en sont les fervents défenseurs. A Ponta Do Sol, petit village de pêcheur au Nord de l’île, je rencontre Fatima qui tient un « residencial » (petite pension familiale), elle n’est pas commode mais il faut avouer que sa cuisine est divine. Depuis ma chambre, je contemple la lumière douce du coucher du soleil, les vagues qui se brisent sur la jetée du petit port, les couleurs chatoyantes des quelques pirogues qui prendront le large dans la nuit.

La fin de mon périple approche, je voudrais rester, il y a encore tant à découvrir, Brava l’île aux fleurs, Maio et ses tortues, Boa Vista la dunaire aux plages de rêve… « Saudade, saudade… » Je suis mélancolique, je quitte ce petit pays au grand cœur avec l’intime conviction que la route sera plus longue la fois prochaine…

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